Pour mettre en œuvre les actions adoptées en Ethiopie, la Banque mondiale a approuvé le 19 décembre 2022 une opération à l’appui des politiques de développement (DPO) d’un montant de 100 millions de dollars en faveur du Cameroun, destinée à soutenir une croissance inclusive et robuste et à renforcer la résilience du pays au changement climatique en vue de l’atteinte des objectifs du programme. Ce financement axé sur l’assainissement budgétaire et la croissance inclusive constitue la première d’une série de trois opérations à l’appui des politiques de développement prévues sur la période 2022-2024.
DES AVANCEES OBSERVEES
Après le Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE), le Cameroun a lancé la Stratégie Nationale de Développement (SND) 2020-2030. Elle se propose par exemple à l’axe 246 de développer les Banques islamiques. En effet, au regard de la montée et du succès grandissant de la finance islamique au niveau mondial, tenant compte de la forte communauté musulmane dans le pays et en Afrique centrale, le Gouvernement va inciter activement la BEAC et la COBAC à réglementer la filière de la finance islamique pour diversifier l’offre de financement de l’économie.
D’après le rapport du système des Nations Unies sur les résultats au Cameroun 2022 le pays observe des progrès importants pour les ODD 1 et 2. L’effort du Gouvernement pour éradiquer la pauvreté continue à donner des résultats positifs. Si le taux de pauvreté enregistre une diminution significative en milieu urbain passant de 8,9% en 2014, à environ 6,3 % en 2020, le Gouvernement entend le ramener au niveau national de 37,5% à moins de 25% en 2030.
S’agissant des ODD 3, 4, et 5, une série d’initiatives gouvernementales soutenues et en expansion constante ont produit de solides progrès dans la prestation de services, les taux d’inscription et de couverture, et ont amélioré certains indicateurs tels que l’égalité des sexes, le retard de croissance des enfants de moins de 5 ans, le taux de mortalité maternelle qui est passé de 782 à 406 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes entre 2013 et 2020 et le taux de mortalité infanto-juvénile qui a baissé de 122 à 79 pour 1 000 naissances vivantes sur la même période.
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Les progrès du Cameroun vers les ODD 6, 7, 8, 9 et 11 ont également été globalement significatifs, grâce aux investissements du Gouvernement dans les infrastructures, la promotion des entreprises et l’urbanisation. Pour l’ODD 9, le Cameroun a fait des progrès notables dans la poursuite d’une approche fondée sur l’innovation pour stimuler l’industrialisation et l’expansion des infrastructures. Le secteur numérique camerounais est en croissance avec une contribution de 5% au PIB et plus de 10 000 emplois directs créés en 2016.
Pour ce qui est de l’ODD 16, on peut noter que le Cameroun s’est engagé fermement dans la lutte contre la corruption. Des efforts supplémentaires sont nécessaires pour respecter les engagements en faveur de la promotion et de l’application des lois et des politiques non-discriminatoires pour le développement durable afin de prévenir et protéger les enfants et les femmes contre les violences, abus et exploitations ; promouvoir un processus décisionnel réactif, inclusif, participatif et représentatif à tous les niveaux ; ainsi que l’accès du public à l’information et la protection des libertés fondamentales.
S’agissant des ODD 13 et 15, des progrès ont été réalisés dans le volet résilience et adaptation aux effets des changements climatiques, illustrés par la mise en œuvre d’actions aux niveaux central et local et le déploiement de capacités techniques et institutionnelles, au sein des ministères concernés. Il s’agit entre autres, de l’élaboration d’un plan d’action national sur la lutte contre la désertification, la création d’un cadre institutionnel habilitant pour la restauration des sols des terres dégradées des zones critiques, la mise en œuvre de la contribution prévue au plan national au titre de l’Accord de Paris sur le climat à travers l’opérationnalisation de l’Observatoire national sur les changements climatiques pour soutenir les services climatologiques, la mise en place d’un système de Mesures, déclaration et vérification concernant les émissions de gaz à effet de serre. L’engagement du pays dans la conservation de la biodiversité a été matérialisé par la mise en place d’outils intégrés destinés au suivi de l’état de la biodiversité et ses services pour informer les politiques stratégiques de développement.
Pour aller plus loin, le Cameroun a signé un accord de coopération, le Plan-cadre de Coopération des Nations Unies pour le Développement Durable au Cameroun 2022 – 2026. Les priorités stratégiques de ce plan consiste notamment à faire converger les efforts de tous vers la prévention des conflits et à la consolidation de la paix et de la cohésion sociale comme préalable du développement durable ; à réduire les disparités régionales et renforcer l’inclusion sociale ; à maintenir la contribution à la réponse humanitaire d’urgence ; à ne laisser personne pour compte et à renforcer la collaboration et les synergies entre tous les acteurs.
DES ENTRAVES QUI PERSISTENT
D’emblée, précisons que les difficultés d’accès aux données statistiques au Cameroun rendent extrêmement difficile l’analyse des ODD. En dépit de plusieurs progrès notables, le Cameroun continue de rencontrer des défis dans la réalisation de l’Agenda 2030. S’agissant de l’ODD 17, on constate encore une insuffisance des capacités (ressources financières et autres) du système statistique national à produire, analyser et utiliser les données nécessaires pour permettre le suivi de la situation des groupes de populations vulnérables et des inégalités aux niveaux national et régional.
Ce manque de données rend difficile, voire impossible, l’analyse des tendances comme on peut le voir pour les ODD 8, 10, 12, 14, 15 et 16. Cependant, on peut noter que la persistance des inégalités des sexes et des pesanteurs socio-culturelles qui limitent l’accès des femmes et des jeunes aux services sociaux de bases et aux opportunités. Une frange importante de la population des zones rurales est encore analphabète et ceci limite son accès à l’information, aux opportunités d’amélioration de ses conditions de vie et accroît sa vulnérabilité, avec le risque accru d’être laissées de côté.
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Certes, le programme d’Actions d’Addis-Abeba des Nations Unies sur le financement du développement de 2015 a rappelé aussi que l’indisponibilité des ressources financières nécessaires pour financer les stratégies nationales de développement constitue le principal obstacle au développement. Cependant la corruption et le détournement de deniers publics constituent un énorme frein à la bonne gouvernance des finances publiques. La participation limitée de toutes les couches sociales en est un de plus entre plusieurs autres. Intensifier et vulgariser les enjeux du développement durable afin que chacun apporte sa pierre à l’édifice. Faire de la place à la société civile qui apparait comme la meilleure communicatrice en la matière. Au niveau des entreprises créatrices de richesse il serait bénéfique de corser la responsabilité sociale de l’entreprise ainsi que d’améliorer la loyauté des pratiques.
Le processus de financement du Développement Durable est axé sur l’appui des politiques nationales et le renforcement des capacités dans les domaines économique, social et environnemental par la mise en œuvre du Programme 2030 et des Objectifs de Développement Durable (ODD). Au demeurant, la définition la plus conventionnelle du Développement Durable est celle qui a été donnée en 1987 par Mme Gro Harlem Brundtland, Premier Ministre norvégien. D’après elle, il est le développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Pour mieux comprendre cette notion, il est indispensable de faire un croisement entre le social, l’économique et l’environnemental. En clair, le Développement Durable c’est un développement à la fois socialement équitable (intra et intergénérationnelle), économiquement vivable et écologiquement viable.
LES GRANDES LIGNES DU PROGRAMME
Le programme d’action d’Addis-Abeba fournit un nouveau cadre mondial pour le financement du développement durable, qui soutient la mise en œuvre du Programme 2030, y compris les objectifs de développement durable. Le programme d’action aligne tous les flux de ressources nationaux et internationaux, les politiques et les accords internationaux sur les priorités économiques, sociales et environnementales. Il intègre tous les objectifs des moyens de mise en œuvre des ODD dans un cadre de financement global et sert de guide pour les actions futures des gouvernements, des organisations internationales, du secteur des affaires, de la société civile et des philanthropes.
Concrètement, les domaines spécifiques du Programme 2030 reposent sur les ressources publiques nationales, les entreprises et finances privées nationales et internationales ainsi que la coopération internationale pour le développement, le commerce international comme moteur du développement au même titre que la viabilité de la dette, le règlement des problèmes systémiques, la science, la technologie, l’innovation et le renforcement des capacités.
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Pour atteindre ses objectifs, le programme a établi un Forum annuel du Conseil économique et social sur le financement du développement (Forum FfD), un processus intergouvernemental à participation universelle mandaté pour discuter du suivi et de l’examen des résultats du financement du développement ainsi que des stratégies de mise en œuvre dudit programme. Les conclusions et recommandations du Forum FfD, adoptées au niveau intergouvernemental, alimentent également le Forum politique de haut niveau pour le développement durable.
Il faut rappeler que le Développement Durable a reçu en 1987 de Mme Gro Harlem Brundtland, Premier Ministre norvégien, l'acception d'un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Dans ce sens, il est indispensable de faire un croisement entre le social, l’économique et l’environnemental. En clair, en un mot, il s'agit d'un développement à la fois socialement équitable (intra et intergénérationnelle), économiquement vivable et écologiquement viable.