CAMEROUN | FRANCOPHONIE : Le Prix des hautes juridictions AHJUCAF 2024 co-décerné à Dr Guy TETANG


Par la rédaction |


Dr Guy AZEBOVE TETANG, de nationalité camerounaise et âgé de 37 ans a obtenu une maîtrise en droit et un diplôme d’études approfondies (DEA) en droit public fondamental à la Faculté de droit de l’Université de Yaoundé 2 (Soa), puis un doctorat en droit public (LL. D) à la Faculté de droit de l’Université de Montréal est l'un des choix du jury de l’édition 2024 du Prix de l’AHJUCAF pour la promotion du droit réuni le 21 juin 2024 au Tribunal fédéral de Suisse à Lausanne. Ce chargé de cours à la Faculté de droit de l’Université de Montréal enseigne le droit constitutionnel, l'interdisciplinarité, l'interculturalité et la théorie du droit. 

Dr Guy TETANG

Il a été en 2018 chercheur invité au Centre d’Études et de Recherches Comparatives sur les Constitutions, les Libertés et l’État (CERCCLE) de la Faculté de droit de l’Université de Bordeaux en France, ainsi qu’en 2019 à l’institut Max Planck d’anthropologie sociale, département de droit et d’anthropologie à Halle (Saale), en Allemagne. Il est l'auteur de plusieurs publications. Le résumé de la Thèse de M. Guy Azebové Tetang : « L’imaginaire constitutionnel en Afrique subsaharienne » qui lui a valu le prix est le suivant. 

Le principal objectif de cette recherche consiste à suggérer une nouvelle hypothèse pour rendre intelligible la fabrique des constitutions en Afrique et, partant, rouvrir l’instance pendante du « procès en mimétisme » dont elle a longtemps été l’objet. Tout au long de leur histoire, les pays d’Afrique subsaharienne ont été imprégnés de représentations contradictoires du politique, justifiant ainsi le caractère ambivalent des structures politiques actuelles qui d’une certaine façon porte l’empreinte de ce processus de gestation troublée. Le processus de structuration politique de ces États, amorcé depuis la période précoloniale, s’apparente à un « roman à la chaine » dont les chapitres n’ont pas cessé de se faire, voire de se refaire, à plusieurs « mains », locale et occidentale, à l’épreuve de cultures différentes. Cette formation discontinue s’accompagne d'une sédimentation de plusieurs couches successives mêlant tradition, colonialisme et modernité, reflétant les mutations qu’ont subies les sociétés africaines.

L’ordre constitutionnel qui en résulte semble s’être installé dans l’hybride à la jonction des orientations libérales inspirées par les États « du Nord » et réinterprétées par ceux qu’on dit « du Sud ». Tout se passe alors comme si le constitutionnalisme de ces pays était pris dans un tourbillon tissé d’imaginaires imbriqués. Il en résulte une tension entre les « standards constitutionnels » occidentaux et « les localismes constitutionnels ».

CULTURE CONSTITUTIONNELLE

La « culture constitutionnelle » libérale en « migration » en Afrique subsaharienne s’accompagne ainsi d’une réappropriation contextuelle. Ainsi, l’imaginaire constitutionnel en Afrique subsaharienne a une texture composite. On est loin de l’espace de mimesis, ou de celui de « l’isomorphisme constitutionnel » suggéré par certains auteurs comme paradigme explicatif du constitutionnalisme en Afrique. Nous suggérons plutôt l’idée d’un « polymorphisme constitutionnel » propre à chaque environnement sociopolitique renfermant des références identitaires distinctes, voire antinomiques, dont le tissage s’opère aujourd’hui à travers une ré-imagination constitutionnelle continue. Au demeurant, peu importe le « milieu » constitutionnel, l’on observe, en quelque sorte, un constitutionnalisme qui « se danse », sur un mode fluent, selon un rythme fluctuant, entre commencement, inachèvement, recommencement et évanescence.

En rappel, le jury du Prix de l’AHJUCAF 2024, réuni au Tribunal fédéral de Lausanne,  était composé de M. Victor Dassi ADOSSOU, Président de la Cour suprême du Bénin, président de l’AHJUCAF, assisté de M. Wilfrid ARABA, auditeur à la Cour suprême du Bénin. M. ADOSSOU a été élu président du jury, de Mme Florence AUBRY GIRARDIN, Présidente de la IIe Cour de droit public du Tribunal fédéral de Suisse, vice-présidente de l’AHJUCAF, de M. Jean-Paul JEAN, Président de chambre honoraire à la Cour de cassation de France, Secrétaire général de l’AHJUCAF, rapporteur, de Mme Cynthia FAMENONTSOA, Attachée de programme à la Direction des Affaires politiques et de la gouvernance démocratique, représentant l’Organisation internationale de la Francophonie, M. Jean-Aloise Ndiaye, conseiller représentant Ciré Aly Ba, président de la Cour suprême du Sénégal, vice-président de l’AHJUCAF, de M. Karim El Chazli, chercheur à l’Institut suisse de droit comparé, de M. Fabrice HOURQUEBIE, Professeur de droit public à l’Université de Bordeaux et de M. Malick Sow, président de chambre à la retraite de la Cour suprême du Sénégal, chargé de mission de l’AHJUCAF.