INTERVIEW | VALERE MEBARA : "Les entrepreneurs et les investisseurs doivent être aidés par le conseil juridique et en investissement".

 


Propos recueillis par Roméo PIANGO |


Expert en matière de conseil en droit des affaires et en investissements, l'auteur Valère MEBARA NDONGO vient de publier chez PROXIMITE un essai de près de 250 pages sous l'intitulé « Réussir son investissement en Afrique : Le cas du Cameroun ». L'ouvrage se veut destiné aux praticiens comme en témoigne son sous-titre : « guide pratique pour l’entreprenariat ». L'auteur nous explique les contours de cette parution...

D’entrée de jeu, quel est l’état des lieux de l’investissement dans l’entreprenariat au Cameroun ?

D’entrée de jeu, je tiens à remercier le magazine et ses promoteurs de l’opportunité qu’ils me donnent pour parler de l’ouvrage sur les investissements et l’entrepreneuriat que je viens de commettre. Dès lors, je dirais que l’investissement ou l’entreprenariat au Cameroun comme dans la majorité des pays africains a le vent en poupe. Peu à peu, les gens commencent à se départir de la mentalité du fonctionnariat héritée jadis de la colonisation pour se lancer dans l’entrepreneuriat. Beaucoup de jeunes entreprises voient d’ailleurs le jour au quotidien, il suffit pour cela d’aller dans les différents Centres de Formalités de Créations d’Entreprises (CFCE) installés dans les dix régions du Cameroun pour constater une ruée quotidienne pour la création des entreprises. Malheureusement, 70% des PME nouvellement créées au Cameroun ont une durée de vie qui n’excède pas 3 ans selon des études de l’institut National de la Statistique du Cameroun (INS). Cette situation déplorable n’est pas sans causes. En effet, le déficit de formation et d’informations dont souffrent la grande majorité des entrepreneurs au Cameroun d’une part, combiné au difficile accès aux financements bancaires et à la pression fiscale forte exercée sur les jeunes entreprises d’autre part font en sorte qu’il existe peu d’entreprises viables et fiables capables de créer la richesse et l’emploi de manière efficace et de se hisser au rang de grandes entreprises ou de champions nationaux. La situation n’est toutefois pas désespérée car le gouvernement fait beaucoup d’efforts bien qu’insuffisants pour promouvoir le Cameroun comme terre d’accueil des investissements. À ce titre, plusieurs mesures juridiques à l’instar de la loi N°2013/004 du 18 avril 2013 fixant les incitations à l’investissement privée en république du Cameroun modifiée en 2017 ont été prises tout comme la création des institutions telles que l’Agence de Promotion des Investissements (API) et l’Agence de promotion de Petites et Moyennes Entreprises (APME) pour faciliter les investissements et accompagner les investisseurs et entrepreneurs de divers horizons. 

Quelle lecture faites-vous des mécanismes d’incitation à l’investissement au Cameroun depuis la loi de 2013 et ses mutations ?  

Je pense que cette loi N° 2013/004 du 18 avril 2013 fixant les incitations à l’investissement privé en république du Cameroun est salutaire car elle vient non seulement donner une prime aux entreprises bien formalisées mais aussi les avantages en termes d’incitations d’ordre fiscale, administrative, financière et douanière qu’elle offre aux entreprises bénéficiaires représentent quelque chose de très important pour leur vitalité et leur croissance. La modification de cette loi survenue le 12 juillet 2017 vient d’ailleurs balayer certaines lourdeurs administratives par l’octroi à l’API et l’APME de la compétence pour accompagner et signer au nom du gouvernement chacun dans son champ de compétence respectif, des conventions avec les entreprises éligibles. Une fois ces conventions signées, les entreprises désormais agréées, bénéficient des avantages prévus par la loi durant la phase d’installation et durant la phase d’exploitation. J’explique d’ailleurs toute la procédure d’obtention de l’agrément dans mon livre.

Revenons à votre livre, quelle est la raison qui vous a poussé à rédiger cet essai ?

J’ai écrit cet essai tout d’abord parce qu’il était temps d’apporter ma modeste pierre à l’édifice d’une grande Afrique et d’un grand Cameroun en aidant, par le conseil juridique et le conseil en investissement contenus dans l’ouvrage, les entrepreneurs, les investisseurs et leurs entreprises à être plus performants. Ensuite, je me suis rendu compte au contact des entrepreneurs en herbes, de certains promoteurs de PME et même de certains patrons de grandes grandes entreprises qu’ils avaient un déficit de formation et d’information en matière entrepreneuriale comme mentionné plus haut qui conduit à beaucoup d’échecs entrepreneuriaux. Je ne voudrais pas être prétentieux mais beaucoup de personnes qui se lancent dans les affaires ne considèrent toujours pas l’entrepreneuriat ou l’investissement comme une science avec ses règles et ses méthodes et font très souvent les choses de manière hasardeuse. C’est donc surtout pour réduire le taux d’échecs entrepreneuriaux et susciter l’émergence d’entrepreneurs professionnels (des personnes qui s’engagent dans l’entrepreneuriat par conviction et qui décident de faire carrière dans la création et le management des entreprises) au Cameroun que j’ai tenu à écrire ce livre.

En quelques mots, quelle utilité pour les destinataires ? A qui s’adresse le livre d’ailleurs ?

Ce livre explique à toute personne qui va le lire comment est-ce qu’on fait les affaires, comment on réussit étape par étape son projet d’investissement ou entrepreneurial au Cameroun et en Afrique, de l’idée d’affaire à l’exploitation de son investissement. Il ne s’agit pas d’un livre en développement personnel, nenni ! mais bel et bien un livre conseil en investissement qui se veut un guide pratique. Le livre s’adresse principalement, aux acteurs du secteur informel qui veulent entrer dans le formel par la création d’une entreprise ; il s’adresse aussi aux promoteurs des PME locales, aux investisseurs étrangers qui veulent investir en Afrique en général et au Cameroun en particulier et à tous ceux qui ont en projet de se lancer dans l’entrepreneuriat un jour ou l’autre ; il s’adresse  in fine aux étudiants notamment, avec la nouvelle orientation du gouvernement de favoriser l’émergence de l’étudiant entrepreneur.

Pouvez-vous formuler des recommandations pratiques pour les investisseurs et entrepreneurs, et ceci sans spoiler votre livre bien-sûr ?

Je dirais aux investisseurs et entrepreneurs qu’avant qu’ils ne s’engagent dans les projets entrepreneuriaux, qu’il est important au préalable quel que soit le coût du projet, de se former et de s’informer (par lecture de tout ce qui concerne leur projet ou en consultant les experts pour les accompagner) ; de toujours mener une bonne étude de faisabilité du projet et de bien le mener à maturation. Avant d’investir, il faut évaluer les risques, il y’ a de bons et de mauvais risque. Je dirais aussi aux entrepreneurs Camerounais d’avoir la culture de payer et de bien payer l’expertise pour les accompagner dans leur projets d’affaires. Je vois des gens investir des dizaines de millions de FCFA voire plus dans des projets d’affaires qui finissent par échouer au bout d’un ou de deux années et être en même temps incapables de payer les services d’un conseiller en investissement ou un juriste d’affaires. Je ne veux pas dire par là que s’entourer les services de ces experts vous garantisse à coup sûr la réussite de votre business mais au moins ça vous réduit considérablement les risques d’échec.

Où peut-on trouver ce manuel pratique de droit de l’investissement ?

Le livre peut se trouver à la librairie des Peuples Noire à Yaoundé ; aux Editions proximité ; aux contacts de l’auteur suivant + 237699215700(appels et WhatsApp) ou +237679427962(appels) et bientôt sur Amazon et d’autres plates formes de distribution.

Un mot de fin ? 

L’investissement ou l’entrepreneuriat est une activité très importante non seulement pour l’entrepreneur lui-même en ce sens que ça lui permet de développer son patrimoine et son influence dans la société mais aussi pour les états, qui voient la richesse et les emplois crées en leur sein grâce aux entreprises viables et fortes. C’est une activité qui nécessite donc un grand sérieux car on y risque ses finances, son temps et même parfois sa fierté. Il ne faut donc pas s’y aventurer de manière ambiguë. Je recommande vivement ce livre à tous ceux qui s’intéressent à l’investissement et à l’entrepreneuriat et à tous ceux veulent réussir leur business en Afrique en général et au Cameroun en particulier.