CEMAC : Que dit la stratégie régionale d'inclusion financière 2025 - 2029 élaborée par la BEAC ?


Par la Rédaction |


Dans la Stratégie régionale d’inclusion financière dans la CEMAC 2025-2029 validée par le Comité Ministériel de l’UMAC en date du 21 décembre 2023, les constats et les choix stratégiques sont tracés... Entre autres choix stratégiques proposés ; une Cellule de l’Inclusion Financière (CIF) est envisagée au sein de la BEAC et la nécessité d'un cadre juridique propice pour l'innovation est soulignée à deux traits...

D'entrée de jeu, ce document de 83 pages fait sienne la définition de l’inclusion financière adoptée par la communauté internationale et provenant de la Banque Mondiale : « L’inclusion financière rend compte de la possibilité pour les individus et les entreprises d’accéder à toute une gamme de produits et de services financiers (transactions, paiements, épargne, crédit, assurance) qui soient d’un coût abordable, utiles, adaptés à leurs besoins et proposés par des prestataires fiables et responsables » et ceci en reprenant trois piliers que sont l’accès (proximité physique ; prix ; commodité), l’utilisation (capacité financière ; utilisation réelle : régularité, fréquence, durée d’utilisation) et la qualité (services adaptés aux besoins des clients et proposés de manière responsable et durable).

CONSTATS 

Le premier constat fait tient de ce que les taux de bancarisation en CEMAC restent disparates. Le taux de bancarisation strict est de 12 % pour la zone CEMAC en 2021 allant de 5 % pour le Tchad à 27 % pour la Guinée Equatoriale tandis que le taux de bancarisation élargi se situe à 22 % et est différent d’un pays à l’autre. Deux groupes de pays se démarquent au sein de la CEMAC : ceux dont le taux de bancarisation élargi est inférieur à 8 % - Tchad (8 %), RCA (7 %) - et ceux dont le taux de bancarisation élargi est supérieur à 24 % - Gabon (35 %), Cameroun (30 %), Guinée Equatoriale (27 %), et Congo (24 %). 

Par ailleurs, la SRFI se déploie dans un contexte CEMAC ou le nombre de comptes de paiement par mobile money en hausse, avec un fort impact sur l’accès aux services financiers et le taux d’activité des comptes de paiement par mobile money est en hausse.

On apprend également que des six pays de la CEMAC, le Tchad, le Cameroun et la RCA sont les seuls à avoir une Stratégie Nationale de Finance Inclusive (SNFI) ou de Microfinance. La Stratégie Nationale de Finance Inclusive du Tchad a été publiée en 2017 et couvre la période 2017-2030. C’est la seconde stratégie d’inclusion financière au Tchad, la première
datant de 2009. Le Cameroun disposait d’une SNFI depuis 2014 et vient de finaliser sa nouvelle stratégie couvrant la période 2023-2027. La RCA dispose d’une Stratégie Nationale de Microfinance 2017-2021.

Aucun des six pays n’a encore développé de stratégie nationale d’éducation financière (SNEF). Toutefois, les stratégies de finance inclusive du Cameroun et du Tchad prévoient clairement l’élaboration d’une Stratégie Nationale d’Education Financière. 

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OBSTACLES 

Les obstacles à l’inclusion financière au niveau de la demande : 

  • Faible niveau d’éducation financière et de confiance dans le système financier formel.
  • Problème d’accès aux documents d’identification.
  • Accès limité aux outils de nouvelle technologie.
  • Taux d’alphabétisation faible.

Les obstacles à l’inclusion financière au niveau l'offre : 

  • Faible pénétration des services financiers dans les zones rurales. 
  • Faible et inégale capillarité des réseaux bancaires et de microfinance.
  • Offre inadaptée aux catégories les plus exclues du système financier formel. 
  • Coût élevé des services financiers.

Les obstacles liés à l’environnement juridique et réglementaire : 

  • Lourdeurs administratives.
  • Cadre juridique et réglementaire restrictif pour l’innovation.
  • Cadre national peu propice au développement de l’inclusion financière dans plusieurs pays de la région.
  • Absence de mesures financières ou fiscales incitatives.
  • Accès limité au canal USSD.

Les obstacles liés aux fonctions d’appui et à l’environnement dans lequel les
acteurs de l’inclusion financière opèrent : 

  • Distance aux services financiers et infrastructures.
  • Manque de données disponibles sur l’offre et la demande.
  • Besoin de renforcement des capacités des acteurs.

COMMENT EN SORTIR ? 

Pour mener le combat de l'inclusion financière en CEMAC, la vision commune retenue est la suivante, il faut tout faire pour « Permettre l’accès et l’utilisation accrue d’une gamme de produits et services financiers adaptés, diversifiés et abordables, notamment pour les populations vulnérables (ou exclues financièrement), particulièrement pour les jeunes, les femmes, la population rurale et les MPME de la zone CEMAC ». De même, l’objectif global mesurable de la SRIF à l’horizon 2029 et 2032 s’énonce comme suit : « Accroître le taux d’inclusion financière de 32 % en 2021 à 60 % d’ici à 2029 et 75 % à l’horizon 2032 ». 

La Stratégie appelle, pour se faire en 6 axes stratégiques, à travailler sur :

  1. l'éducation et la protection des consommateurs des services financiers ; 
  2. la promotion et facilitation de l’innovation, l’utilisation des Services Financiers Numériques (SFN) et l’interopérabilité ; 
  3. le renforcement du cadre normatif, notamment en renforçant la mise en place d’un cadre réglementaire propice à l'innovation et à la diversité de canaux et produits financiers 
  4. l'accès et utilisation des produits et services financiers et non financiers adaptés, abordables, fiables et sécurisés pour les particuliers et les MPME ;
  5. l'accès aux données fiables sur l’inclusion financière pour tous les acteurs ; 
  6. le renforcement des capacités des acteurs.

CELLULE DE L'INCLUSION FINANCIERE

En dernière analyse, cette stratégie recommande la création d'organes spécialement dédiés à la tâche. Tel est le cas de la Cellule de l’Inclusion Financière (CIF) devant agir comme " le bras opérationnel de la SRIF en tant que secrétariat général, elle sera chargée d’assurer la promotion et le suivi de l’inclusion financière, la coordination de la mise en œuvre de la Stratégie Régionale, ainsi que le secrétariat du Comité de Pilotage".

De manière plus détaillé, il est proposé que cette Cellule chargée de coordonner la mise en œuvre de la SRIF, soit placée au sein de la Banque Centrale pour organiser et participer aux réunions du Comité de Pilotage, du Comité Technique et du Comité de Concertation des Partenaires Techniques et Financiers, mais aussi pour centraliser et consolider les informations relatives au suivi de la mise en œuvre de la SRIF (indicateurs clés, plan d’actions, plan d’évaluation).

Elle devra assurer la coordination de l'information des différentes parties prenantes du dispositif de gouvernance et la gestion des ressources financières mobilisées pour la SRIF. Dans son rôle de promotion et de suivi de l’inclusion financière au-delà de la SRIF, cette cellule veillera au suivi des indicateurs clés de l’inclusion financière de la CEMAC et au partage d’informations relatives à l’inclusion financière. De même, elle assurera la coordination avec les directions de la Banque Centrale impliquées dans l’inclusion financière et les autres organes de la CEMAC tels que la COBAC, le GIMAC, la  COSUMAF, la CIMA, la BVMAC et la Commission de la CEMAC.