FINANCE CLIMAT : Le Sommet de Paris pour un nouveau pacte financier mondial, que gagnent les pays africains francophones?


Par Corine SOHNA | 


Un sommet international pour un nouveau pacte financier mondial s’est déroulé à Paris du 22 et 23 juin 2023. Les Etats ont affirmé leur détermination collective à faire face aux problématiques communes en matière de climat, d’environnement et développement par une coopération mondiale renforcée. Retour sur les retombées pour les pays africains francophones.

Après cette rencontre de haut niveau, la question est de savoir, quels enjeux pour l’Afrique en général et pour l’Afrique francophone en particulier ?  L’échange dette contre financements climatiques fait partie des bénéfices capitalisés à Paris. A ce titre, la Côte d'lvoire et la France sont convenues d'un contrat de réduction de la dette et de développement dans lequel 1,14 milliard d'euros de dette bilatérale ivoirienne sera converti en dons pour financer divers projets de développement, dont 72,1 millions d'euros consacrés à l'éducation. Dans un monde où les catastrophes liées aux changements climatiques sont plus fréquentes, nous avons besoin de filets 4 de sécurité à l’échelle mondiale pour protéger les plus vulnérables et leur fournir des ressources financières adéquates lorsqu'ils en ont le plus besoin.

Dans le même sens, l’accompagnement technique a été promis à certains. Effectivement quelques pays se sont engagés à financer les recherches des pays vulnérables pour faciliter leur résilience face aux phénomènes des changements climatiques.

Par ailleurs, l’Afrique devra également tirer avantage de la mise en place d’un sommet sur le financement de l’action climatique. De fait, dès le mois de septembre prochain, le Kenya organisera une rencontre entre acteurs du domaine climatique (bailleurs de fonds, administrations et bénéficiaires etc.)

Les autres grandes conclusions du sommet

Vaincre la pauvreté et les vulnérabilités constitue l’un des grands engagements obtenus. Les participants ont ainsi convenu qu’il faut remédier aux vulnérabilités sous toutes leurs formes. Les crises se produiront de plus en plus fréquemment. Les changements climatiques et les événements climatiques extrêmes en sont l'une des principales causes, mais les crises sont aussi provoquées et exacerbées par les conflits, la croissance démographique et l'urbanisation. La pauvreté et les inégalités restent à des niveaux élevés, et un nombre croissant de pays à revenu faible et intermédiaire sont aux prises avec des trajectoires d'endettement non durables. 270 millions d'euros ont été mobilisé jusqu'à présent pour soutenir le bouclier mondial contre les risques climatiques dans les pays vulnérables aux changements climatiques.

Les participants ont par ailleurs pris l’engagement de mobiliser des ressources financières supplémentaires provenant notamment du secteur privé. Ainsi, les banques multilatérales de développement jouent un rôle fondamental pour soutenir les efforts de financement de projets conformes aux ODD afin de mettre en œuvre du programme de développement durable à l’horizon 2030. Leur évolution sera déterminante pour permettre des flux financiers supplémentaires répondant aux besoins des pays vulnérables et de la protection de la planète.

Protéger la planète et nos biens communs et renforcement de la solidarité internationale

La transition vers un monde à zéro émission nette et à la biodiversité restaurée exige des transformations fondamentales de secteurs clés de I’ économie. Une croissance économique régulière, une base solide en matière de capital humain et le changement des modèles de production et de consommation sont des éléments indispensables à cette transition.

L'objectif de mobiliser 100 milliards de dollars a été atteint en juin 2023 grâce notamment aux engagements de 14 pays de réallouer au moins 20% de leurs DTS. Ces financements supplémentaires permettent de lutter contre la pauvreté et de bâtir la résilience et la durabilité en utilisant les instruments du FMI en la matière. Les contributions des pays ayant atteint une réallocation de 40 % de leurs DTS ont été notées.

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La probabilité de parvenir à un engagement de 100 milliards de dollars pour financer l'action climatique en 2023 a été vivement saluée et devrait encore être étayée par la confirmation des chiffres fournis par les contributeurs et annoncés par l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE). Plus que jamais, la solidarité internationale et les transferts des pays les plus riches vers les pays les plus vulnérables sont essentiels pour forger un monde plus juste. Une nouvelle méthode de comptabilisation tenant compte des efforts déployés pour mobiliser les financements privés peut contribuer grandement à augmenter ces contributions et à les flécher dans la bonne direction. Cela s'inscrit dans un appel mondial à une évolution vers des investissements solidaires.