CAMEROUN: Le crédit bancaire analysé dans un livre [interview-auteur]

Banquier de formation, Directeur général adjoint d’établissement financier, l’auteur Thomas OTTOU vient de commettre un essai sous le titre « le crédit bancaire au Cameroun, des explications à l’insatisfaction de la demande » chez Afrédit. L’ouvrage présente les pesanteurs qui alourdissent le processus d’octroi de crédit par les établissements de crédit ou de microfinance et propose des pistes de solutions pratiques. Interview de l’auteur…

Je propose aux banques et assimilés de mettre en œuvre des stratégies visant à ne pas dépendre exclusivement des dépôts des clients

Thomas OTTOU, auteur.

Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire ce livre ?

Ce livre est la résultante de plusieurs observations, parmi lesquelles nous reviendrons principalement sur celles d’ordre professionnelle. En effet, il nous a été donné de constater que nombreux sont les concitoyens clients des banques et des établissements de Microfinance qui ne cessent de se plaindre sur le rejet récurrent de leurs demandes de crédits. Il était donc question d’examiner les raisons de ces multiples déceptions et d’en proposer des pistes de solution.

Vous parlez de l’insatisfaction de la demande de crédit bancaire au Cameroun pourquoi?

Il nous a semblé fondamental de parler de l’insatisfaction des demandes de crédit bancaire au Cameroun pour au moins deux raisons. La première résulte du rôle incontournable du crédit dans un pays à fort potentiel d’investissement comme le nôtre. La seconde relève de la nécessité d’informer le grand public en général et les acteurs directs en particulier de l’importance de prendre des mesures pour de meilleurs résultats.

 

Par habitude, on entend parler de surliquidité des banques au Cameroun, comment peut-on expliquer le rationnement du crédit dans un tel contexte ?

La surliquidité bancaire, c’est-à-dire une épargne suffisamment disponible mais oisive dans le tissus bancaire camerounais est une réalité. Mais, il convient de replacer les demandes de crédit dans leur contexte. D’abord un pays qui a pour objectif d’être industrialisé à l’horizon 2035, ensuite, un pays dont 80% des dépôts sont à vue c’est-à-dire à moins d’un an et seulement 2% des dépôts sont à terme à plus de 10 ans. Or, la nature des dépôts, fait en sorte que les crédits avec une échéance à plus de 10 ans ne représentent que 2%, tandis que les crédits à moins d’un an représentent 60% voire plus. Ainsi, l’inadéquation entre les ressources des banques et les besoins des entreprises, explique l’illusion d’une ressource abondante mais en réalité qui n’est pas utile dans une certaine mesure.

Dans votre ouvrage, vous évoquez également le problème de l’inégal accès au crédit au Cameroun; que doit-on comprendre de cela ?

De manière simple, prenons l’exemple des secteurs d’activités. Il sera toujours plus facile pour une entreprise qui est dans le domaine du commerce de bénéficier des financements par rapport à celle qui opère dans l’agriculture. Le reste des raisons sont détaillées dans le livre.

 

Pour terminer cet entretien, quelles recommandations formulez-vous pour améliorer l’accès au crédit bancaire au Cameroun?

Nous avons formulé au moins cinq propositions pour améliorer le crédit bancaire au Cameroun, mais nous n’en présenterons ici qu’une seule pour permettre à nos lecteurs de savourez les autres. Pour rester cohérent avec enchaînement de vos précédentes questions, la question de la ressource financière est importante. Par conséquent, nous proposons aux banques et assimilés de mettre en œuvre des stratégies visant à ne pas dépendre exclusivement des dépôts des clients (utiles qu’à court terme pour 60% des cas). Elles peuvent en fonction des besoins, solliciter des fonds étrangers
ou le marché financier, etc.

Propos recueillis pour le magazine FINANCIA et pour DMF