Avec un encours de financements aux entreprises fixé à 405 milliards de FCFA en fin février 2023, Afriland Bank, organisatrice du Forum s'engage à accompagner les exploitants forestiers, les sociétés de transports ou encore les sociétés d'ameublement de la filière bois au Cameroun soit en investissement, soit dans l'exploitation, les cautions ou encore le financement des sous-traitants et des prestataires.
Ainsi, pour ce qui est de l'investissement, Afriland Bank a déployé son accompagnement à travers plusieurs crédits à moyen terme (CMT) ainsi que par le crédit-bail. Ce mécanisme règlementé au Cameroun par la loi n°2010/020 du 21 décembre 2010 portant organisation du crédit-bail au Cameroun s'associe à une opération de crédit destinée au financement de l’acquisition des biens meubles ou immeubles à usage professionnel.
En clair, il s'agit de la location de biens d’équipement, de matériel d’outillage ou de biens immobiliers à usage professionnel, spécialement achetés ou construits. Dans ce sens, les PME/PMI du secteur ont pu investir dans l'acquisition des UFA (Unité forestière d'aménagement), des engins de coupe, des lignes de sciage ou encore des ateliers de 2è et 3è transformation de bois. Entre autres exigences, Afriland Bank requiert soit de l'expérience, de la bonne moralité ou alors une bonne conformité légale, notamment dans le secteur des zones protégées de stockage des grumes.
Dans l'exploitation, le banquier finance la coupe, l'enregistrement, la formalisation, le transport du bois notamment en termes de carburants, de location d'engins ou de paiement de redevances. Le financement bancaire est en outre mobilisé pour les escomptes de factures et traites internationales, les avances sur crédit TVA ou encore pour l'acquisition de certificats. Il en va de même pour les cautionnements, ceux-ci se ramènent aux avals de traites, à la caution d'enlèvement de carburants ou de douane. En tout état de cause, ici, Afriland exige un formalisme portant sur la production de plusieurs documents techniques et de conformité réglementaire. Les PME/PMI doivent ainsi produire entre autres, les conventions de concession forestière, d'exploitation provisoire, les certificats de vente de coupe ou encore l'inscription au fichier des exportateurs, le cas échéant.
LES ECHANGES SUR LES POBLEMES DE LA FILIERE
Au demeurant, la rencontre du Mercredi de la PME qui était axée sur les acteurs de la filière bois avait pour thème « comment booster la transformation locale ? ». Les échanges ont été menés entre une demie dizaine de panélistes sous la conduite de la journaliste Lucrèce MEBENGA.
Selon NGA KOUMDA, chef de la division des prévisions au ministère des Finances, le Cameroun veut aller vers l’interdiction de l'exportation des grumes. En effet, le pays s'attendait à l’interdiction des exportations de bois (grumes et de bois débités ou sciés) pourtant, il continue d'importer les meubles alors que qu'il produit du bois. Selon cet expert financier, l'idée selon laquelle le Cameroun perdra 368 milliards de FCFA dont 80 milliards de FCFA en retombées fiscales, ne doit pas être prise pour argent comptant. "Il ne faut pas juste regarder les impôts aussi Il faut regarder vers la balance de paiement. En fait, en transformant on gagne davantage. Et on évitera un scénario dans lequel le Cameroun exporte vers le Vietnam et celui-ci devient le premier exportateur vers les Etats-Unis" explique ce chef de division.
Dans les échanges de ce forum, on a pu également retenir de Blandine L’or OUGIA, Déléguée générale du Groupement de la Filière Bois du Cameroun, un regroupement est constitué de 14 sociétés qui revendiquent 300 milliards FCFA de chiffres d’affaires plusieurs éléments importants. Pour cet acteur de la filière, « l’apport de la filière Bois est important surtout pour l’importation des devises ». Elle expliquera aussi que le problème de l’appétence à la commercialisation des grumes tient de ce que les acheteurs étrangers payent facilement les grumes à bord du navire tant elles sont acheminées en 2 semaines. Pourtant, le bois transformé entraîne plus de tracasseries. Enfin elle note avec regret qu'on ne doit pas taxer la transformation du bois, le Cameroun est sans doute le seul pays au monde.
Dans une autre occurrence, Jules Paulin Essono, sous-directeur au Ministère des Forêts et des Faunes, a soutenu que le secteur représente 4,2 % du PIB avant de rappeler que l’Etat du Cameroun avec la loi forestière de 1994 avait déjà fixé l’interdiction du bois en grumes. Malheureusement, le pays ayant traversé une crise en 1999, cela a amené le président de la République à proroger par ordonnance l’exportation des grumes. Et de conclure qu'après le Gabon, le Cameroun qui s'avance vers une interdiction séquentielle, doit se souvenir que le Congo a également arrêté les exportations, car, en réalité, tout est question de volonté politique.