CAMEROUN : L’OHADA et La Common Law, l’auteur Ibrahim ABDOURAOUFI dédicace à Yaoundé et Douala

L’auteur de l’essai juridique intitulé « L’OHADA et la Common Law » publié chez L’Harmattan, Docteur en droit, enseignant et avocat, Ibrahim ABDOURAOUFI, a présenté son œuvre à la Fondation Tandem Muna de Yaoundé en date du 28 aout 2021. Le rendez-vous est pris pour Douala, le 4 septembre prochain.

Plusieurs officiels camerounais étaient attendus pour la présentation de cet essai unique en son genre. C’est dans cette occurrence que le ministre Abba SADOU s’est remarqué par sa présence et que le représentant du Ministre de la Justice, M. Gaston KENFACK DOUAJNI, Directeur de la Législation au Ministère en charge de la Justice, a été appelé à présenter une note de la part du garde des Sceaux.

« Le droit OHADA est partie intégrante des règles de droit dont le ministère de la justice [ du Cameroun ] est en charge de veiller à l’application » a pu déclarer le magistrat mandaté. L’OHADA a ainsi été présentée comme un compromis assumé entre deux systèmes. En réalité, avec la CCJA, l’OHADA s’inspire à suffisance des principes juridictionnels de la Common Law car, soutient le directeur de la législation, à l’opposé de la pratique des juridictions d’inspiration civiliste, la haute cour de l’OHADA juge en faits et en droit.

Notes de lecture

Dans le fil de la cérémonie, le Dr Pierrette ESSAMA de l’université de Yaoundé a présenté sa note de lecture en langue anglaise. « Le livre est particulièrement aisé à parcourir, avec des concepts de droit civil et de Common Law parfaitement explicités pour le grand public…Il est remarquable que l’auteur n’a eu aucune crainte à prendre position dans cet ouvrage sur la correspondance des expressions et des concepts de Common Law avec  le droit OHADA » explique l’universitaire experte de la Common Law.

 

Cette enseignante a souligné combien il était difficile de procéder à la traduction des éléments de langage juridiques du droit civil en droit de la Common Law, un pari que l’auteur s’est pourtant remarquablement efforcé de tenir dans ce livre paru l’année dernière. Après avoir détaillé les enjeux de l’ouvrage, le Dr ESSAMA a appelé de tous ses vœux la parution d’une deuxième édition revue et enrichie de moult points nouveaux et peut-être traduite en anglais littéralement.

Par la suite, la note de lecture du point de vue civiliste a été menée par le Dr Duvale KODJO, enseignante à l’Université de Yaoundé II. « L’audace d’une déconstruction-reconstruction » telle pourrait être synthétisée l’essence de l’œuvre de Dr Abdouraoufi selon le Dr KODJO. C’est donc un livre empreint d’audace dans un contexte hyper sensible, une sensibilité qui est fort manifeste au Cameroun, lorsque l’on sait que la question du bi-juridisme a été à la genèse de la crise dans les régions d’expression anglaise.

« L’auteur critique et se montre acerbe mais subtilement. Au-delà des apparences, il faut penser que cet auteur reste pro-OHADA. On peut le voir au détour des propositions d’amélioration formulées dans cet essai » indique l’enseignante chercheuse de l’Université de Yaoundé.

La Chercheuse a cependant mis en exergue le fait que le prisme d’analyse de cet essai juridique ne tient pas suffisamment compte des réformes entreprises par l’OHADA sur son droit depuis 2010.  Dr KODJO a donc insisté elle aussi, sur la nécessité d’une mise à jour des analyses à l’aune des efforts légistiques du secrétariat permanent de l’Organisation d’harmonisation du droit des affaires.

L’auteur

« L’objectif du livre n’est pas l’hypothétique ouverture de l’OHADA à la Common Law. J’ai voulu exploré les comparatifs dans la perspective d’un droit africain des affaires. J’ai particulièrement décliné cet objectif en rapport avec les réalités camerounaises. Le Cameroun étant une Afrique juridique en miniature dans la mesure où on y retrouve tous les systèmes, civiliste, traditionnel, Common Law et même droit musulman » a tranché l’avocat auteur de l’essai analysé. Pour l’essayiste, la trame d’analyse est plus ou moins simpliste, « le droit OHADA s’éloigne du droit Common Law autant qu’il se rapproche du droit français». Cependant, aucun clivage ne s’oppose à un rapprochement méthodique et graduel». Il a par ailleurs annoncé un ouvrage sur le bi-juridisme camerounais à l’épreuve de l’OHADA sur lequel il travaille « lentement ».

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Au demeurant, présenté par Me Jean-Jacques NOUYADJAM, organisateur de l’évènement, le Dr Ibrahim ABDOURAOUFI est apparu comme un chercheur camerounais qui a fait ses débuts à l’Université de Ngaoundéré. Il a beaucoup travaillé sur le bi-juridisme et la construction d’un droit africain des affaires à la lisière des clivages entre droit civil et Common Law, tout en essayant de construire des ponts entre les deux courants juridiques. Indiquons que l’auteur est également titulaire d’un Certificat d’Aptitude à la Profession d’Avocats obtenu en France avec un cabinet ouvert à Lyon sous l’enseigne RS Legal.

Indiquons que l’auteur rencontrera également le public de Douala, au GICAM, en date du samedi 4 septembre 2021 à partir de 16h.

DMF